Telle une éclipse, ceux qui cherchent ardemment la lumière se verront être aveuglé.e.s par leur quête et projeter constamment leur ombre sur autrui.
De toutes les leçons qu’octobre pouvait mettre en évidence, ses deux éclipses auront permises de remettre l’importance de la noirceur au goût du jour. Pendant plusieurs années, je me suis plu à croire et répéter le mantra suivant :
L’ombre est tout simplement l’absence de lumière.
Bien qu’en partie vraie, cette affirmation mérite d’être déconstruite afin d’être réellement comprise et non pas interprétée à tort par tout.e un chacun.e comme je l’ai fait jusqu’à très récemment.
Plongeons ensemble dans cette déconstruction afin de cerner avec lucidité en quoi cette quête éternelle et éreintante de lumière (Dieu, Vérité, Amour, Paix, Source…) nous mène inévitablement à un cul-de-sac.
Et oui, je n’ai pas peur de l’affirmer : cette recherche, qu’elle soit intérieure ou extérieure, nous mène paradoxalement de plus en plus vers nos parts d’ombres. Tout comme un objet illuminé projette une ombre, plus nous sommes proche du but, plus l’ombre que nous produisons est grande.
Alors? Dans notre aveuglement, nous oublions que la lumière est omniprésente. Il nous est possible de s’y asseoir en tout temps, à chaque instant et ce dès maintenant. Rechercher la lumière en Soi comme dans son environnement renforce la croyance que la lumière est moindre, manquante, ou pis encore : absente. Cette croyance nous mène sur un long chemin sinueux, certes parsemés de leçons, de rencontres et d’apprentissages, mais sans la moindre trace convaincante d’une imminente destination.
La grande différence entre le chercheur et le sage est que l’un croit connaître sa destination, l’autre ne souhaite aucune destination. L’un souhaite trouver la Lumière, l’autre accepte la noirceur comme une part naturelle de ce spectre sur lequel vibrent toutes les ondes se rapportant au phénomène de luminosité.
Lorsqu’on prend le temps de s’y arrêter, la noirceur et l’ombre ne sont en fait que le produit d’un obstacle, semblable à un ou des abat-jours, siégeant sur l’ampoule convoitée.
Envisageons pour un court moment que nous ne soyons pas que des témoins-spectateurs de la lumière, ni sa source-même.
Envisageons pendant un instant que nous soyons tous des lampes au fonctionnement adéquat, avec une ampoule parfaitement adaptée. Afin d’obtenir une lumière de qualité, en bonne quantité, il suffirait alors de travailler au niveau des abat-jours - peu importe leurs qualités, couleurs, quantités ou opacités.
Nul besoin de remplacer la lampe, de la réparer ou d’en acheter une deuxième. Encore moins besoin de la chercher ou de tâtonner afin de trouver son interrupteur.
Une petite bougie suffit à éclairer toute obscurité. Dès que vous avez une bougie*, vous savez où est la porte. Vous ne vous demandez pas où elle est. Seul l’aveugle pense ce genre de question. La personne qui est capable de voir ne réfléchit pas, elle trouve la porte naturellement (…) Vous savez où aller, sans hésitations, sans réflexions. Osho
La noirceur est tout simplement synonyme d’un blocage de la lumière.
Avec cet exemple de lampe, qu’en est-il de l’ombre et des projections, représentées ici par les abat-jours? Laissant rayonner la lumière avec une intensité variable, un motif variable et des projections (trous, fissures) différents d’un abat-jour à l’autre, cette image suggère que les efforts à déployer seront mieux investis non pas dans la recherche de la source lumineuse – obsolète et inutile – mais plutôt dans le raffinement et la transparence des couches s’interposant entre l’ampoule et son environnement.
Toutefois, un questionnement s’impose. Une fois tous les trous et fissures rafistolés, toutes les couches raffinées, transparentes voir même retirées, l’ampoule alors dégarnie n’agira-t'elle pas comme le soleil ardent au milieu du désert? Aveuglante, cuisante et pénible?
Une fois le dépouillement des abat-jours complété, n’auront nous pas comme seul désir une oasis d’ombre et de fraîcheur pour nous abriter?
Et si nous sommes réellement des lampes-humaines, ne serait-il pas plus sage et avisé de se contenter de rayonner avec un seul abat-jour modeste, étanche, uniforme et clair? De conserver cette part d’ombre qui ne fait aucun mal ni ne bloque la lumière, mais qui protège et offre un répit du soleil cuisant à ceux et celles qui sont encore aveuglé.e.s par leur manque de lumière et leur quête d’Absolu?
La lumière est dans l’ombre et l’ombre est dans la lumière.
Namasté,
Émilie xxx
Bel article! Riche d'enseignements pour toutes personnes intéressées à cheminer sur la voie de l'éveil.